Qu’il est loin le temps où l’homme, au début de son histoire, côtoyait les autres espèces qui peuplent notre planète et dont la seule existence était soumise aux mêmes enjeux que les plantes et les animaux, survivre et assurer sa subsistance.

L’évolution lui permit, petit à petit de, non plus s’adapter à son environnement, sinon d’adapter celui-ci à ses besoins. Cette évolution exponentielle qui traça sa route au gré des révolutions agraires, industrielles ou technologiques, lui donna les moyens de très rapidement s’approprier l’espace et l’environnement dans lequel il vivait. Ses besoins physiologiques vite assouvis, il en inventa d’autres toujours plus complexes qu’il fallait à leur tour satisfaire. Sans nul doute cette évolution a eu un impact très important sur son environnement car elle impliquait la production massive de déchets, la contamination, la destruction d’habitats naturels affectant de nombreuses espèces d’animaux et de plantes alors que les frontières agricoles ne cessaient de s’étendre. Dans une recherche du bien-être qui aujourd’hui peut paraître avoir été aveugle, l’homme s’est peu a peu coupé de son cadre naturel.

 

Les raisons de cette situation sont en fait aisément explicables. Les civilisations se sont toujours construites autour de la conception philosophique qui fait de l’homme le centre de l’univers. Cet anthropocentrisme tel qu’il fut développé par Aristote plaçait l’homme au-dessus de toutes les autres créatures et coupait court à toute théorie qui prétendait que les plantes et les animaux pouvaient également percevoir, ressentir ou encore, avoir une conscience. Dans ce contexte, qui de plus absurde que Joël Sternheimer pour supposer que les plantes puissent être stimulées par de la musique.

Et si la protéodie avait raison? Et si notre société, toujours plus prédatrice, aux valeurs matérialistes prônant l’individualisme le consumérisme et autre mercantilisme avait tort? Et si le fait de ne pas pouvoir les exprimer à nos yeux ne privait pas forcement les autres espèces vivantes d’émotions? A une époque où un certain échec de notre civilisation est notable de par la destruction de notre habitat, les déséquilibres environnementaux, la perte d’empathie, un bonheur impossible à atteindre, on serait en droit d’y penser.

 

L’empathie est cette capacité cognitive qui permet à une personne de sentir ce que l’autre ressent, qui peut amener à une meilleure compréhension du comportement d’autrui et de ce fait influencer nos prises de décisions. Il s’agit tout simplement de l’aptitude à comprendre les nécessités, les sentiments et les problèmes des autres, de se mettre à leur place et d’avoir une réponse appropriée face à leurs réactions émotionnelles. L’empathie implique la connaissance et l’utilisation des émotions afin de comprendre les autres, le monde qui nous entoure et de manière plus générale la nature. C’est la définition qu’en donne la psychologue Deirdre Lovecky et c’est ce que je veux démontrer avec mon projet.

Je veux stimuler par mon travail cette empathie envers les espèces qui nous entourent. Essayer de saisir chez eux certaines émotions et les retransmettre dans mes tableaux afin d’attester que c’est ce déséquilibre émotionnel qui nous a amené à la situation environnementale actuelle jugée critique par de nombreux scientifiques et politiciens. Je veux inciter à penser que c’est par une remise en cause de nos préjugés que nous pourrons nous réapproprier cette empathie nécessaire à notre équilibre et notre véritable bien-être, que l’homme et son environnement ne font qu’un, que comme le disait Francis Bacon, on ne commande à la nature qu’en lui obéissant.

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